À 50 ans, changer de métier est une aventure que de plus en plus de Français osent entreprendre. Un bilan de compétences, des dispositifs de soutien adaptés et un véritable accompagnement sont les clés de la réussite.
C’est la troisième fois que Tania change de vie professionnelle. “Mon métier passion était l’animation, j’y suis restée quelques années, mais je ne m’y retrouvais plus, alors j’ai changé de région et je suis allée dans l’industrie en arrivant sur Poitiers comme monteuse-câbleuse en industrie pendant cinq ans, mais je ne m’y retrouvais plus intellectuellement.” Tania a changé de voie, grâce à l’accompagnement de Transitions Pro, pour suivre une formation d’assistante de gestion et d’administration des entreprises. “Mon expérience professionnelle m’a permis de voir ce que je ne voulais plus. J’y ai réfléchi, pour avoir été numéro 1 dans certains corps de métier, ce n’était pas ce que je recherchais. La responsabilité est grande et je me trouvais meilleure en numéro 2.” Pour autant, ce changement de vie ne va pas sans questionnement. “Forcément, j’ai eu des craintes et j’ai mis longtemps à me décider. J’ai eu en face de moi des personnes qui ont répondu à mes demandes, qui m’ont rassurée, et je me suis lancée.” Un cadre familial sécurisant l’a beaucoup aidé à changer de vie à 50 ans.
“La question c’est : pourquoi on veut changer de métier ?“
“La première question à se poser, effectivement, c’est de savoir pourquoi on veut changer de métier” souligne Pierre-Henri Bousquet, recruteur pour le Mercato de l’Emploi à Poitiers. Et d’aller gratter un peu du côté des attentes : est-ce que je veux trouver un métier qui m’intéresse plus ? Gagner plus ? Trouver un meilleur équilibre vie professionnelle- vie personnelle ? Au-delà des questions existentielles, faire un bilan de compétences est un vrai plus pour mettre en valeur des compétences que l’on ne soupçonne pas toujours. Car changer de voie professionnelle, c’est apprendre un temps à danser sur une seule jambe pour surmonter les obstacles. “Quand on va avoir une reconversion professionnelle, il y aura des moments faciles et des moments plus difficiles. Et dans les moments plus difficiles, c’est important de se rappeler les motifs qui nous ont poussés à ce changement.”
Après des années de travail en jardinerie, Christelle a dû penser à un autre métier, suite d’un problème de santé. “J’ai eu un problème au niveau du coude. Dans la jardinerie où je travaillais, il y avait beaucoup de manutention, donc ce n’était plus possible pour moi. J’ai fait un bilan de compétences qui m’a beaucoup guidée parce que je savais qu’il fallait que je change de métier, mais je ne savais pas du tout dans quelle direction. », explique Christelle. Le bilan de compétences financé grâce à son compte personnel de formation (CPF) lui a permis de clarifier ses choix et de découvrir un métier qui correspondait à ses goûts : secrétaire comptable. “J’aime bien les maths, donc j’ai choisi de faire cette formation-là. J’ai eu mon diplôme au mois de février 2023 et j’ai retrouvé du travail en mai 2023.”
Le bilan de compétences peut être financé par l’utilisation du capital sur le CPF (compte personnel de formation).
Transitions Pro est incontournable, c’est le seul organisme habilité à financer les reconversions professionnelles des salariés du privé. D’autres acteurs peuvent également apporter une aide précieuse comme France Travail ou l’Apec (Association pour l’Emploi des Cadres).
Une reconversion réussie passe bien souvent par une curiosité sans cesse entretenue. “ Sortez de chez vous, rencontrez un maximum de monde“, conseille Pierre-Henri Bousquet. Un réseau de connaissance et un réseau professionnel s’entretiennent. Le réseau social professionnel LinkedIn comptait 28 millions de membres en 2023. Le site My Job Glasses permet des rencontres avec des professionnels qui acceptent de partager leur expérience. Ce qui donne une vision un peu plus claire et réaliste du métier.
“Décrire vos compétences à partir d’expériences vécues“
Embaucher des cinquantenaires est un atout pour les entreprises avec des profils intéressant “en termes de maturité, de capacité de prise de recul” explique Pierre-Henri Bousquet qui rajoute : “des études montrent que les entreprises qui réussissent le mieux sont celles qui arrivent à faire travailler des gens d’âges et d’expériences différents“.
Quand on n’a pas refait son CV depuis 25 ans, comment être à la page ? Commencer par ne pas dépasser une page ! Comme la lettre de motivation est dispensable, Pierre-Henri Bousquet conseille de rédiger quelques lignes en début de CV pour expliquer la raison de la candidature et “d’essayez de décrire vos compétences à partir d’expériences vécues“. Un CV qui pourra servir lors des salons de l’emploi. L’entretien est le moment où tout peut basculer. “Quand on recherche un emploi, c’est important d’avoir un état d’esprit positif, ouvert, sincère. Je crois qu’il ne faut pas masquer les choses, il faut parler en vérité.” Quant au sujet épineux du salaire… “il ne faut quand même pas se bercer d’illusions” et accepter les salaires qui se pratiquent dans le secteur. L’ancienneté n’aura plus d’effet. Mais en général, ce n’est pas une découverte.